L’objectif n'est pas de rester bien concentré au commencement de la pratique de la méditation. Il est juste de devenir de plus en plus conscient du bavardage de notre esprit. D'être plus conscient de notre esprit qui juge, qui compare, qui condamne, qui parle des choses mauvaises, ou pas assez bien et qui doivent changer...
On peut écouter ce bavardage, mais ne pas lui donner toute la place. Parce que premièrement, les pensées de sont pas « vraies » (elles sont le résultat d’évaluations très approximatives de la réalité). Ensuite, elles ne sont pas toujours utiles (que la pensée soit vraie ou fausse, si elle me pousse à souffrir ou à me comporter de façon contraire à mes valeurs, à quoi bon rester fidèle à elle ?).
Une pensée, c’est comme un écho sur un radar. Elle ne signale pas un danger, mais un risque de danger. La pensée joue son rôle de sentinelle. L'esprit cherche parfois des solutions à des problèmes qui n'en appellent pas (il vaut mieux parfois accepter les choses). Charge à nous de ne pas prendre nos pensées pour argent comptant, de ne pas y réagir au quart de tour. Si je fusionne avec cette pensée : « N’y va pas, tu vas te sentir mal et avoir peur », quelle sera ma vie ? Est-ce que c’est parce que je risque d’avoir peur que je ne dois pas faire quelque chose d’important pour moi ? Si je me rends compte que cette pensée n'est pas une vérité mais juste une pensée, je peux prendre le temps de décider en pleine conscience : « Est-il possible d’accepter de me sentir mal un petit moment pour donner du sens à ma vie et d’être fier de moi ? »
4. Résumé
La pleine conscience de ma respiration :
- Me ramène facilement à l'instant présent, ici et maintenant.
- Est toujours disponible comme point d’ancrage où que je sois.
- Ancré(e) par ma respiration, je peux observer le bavardage de mon esprit. Je suis aussi conscient(e) qu'il ne s'agit que de pensées, et non pas de vérités.
5. Exercices à réaliser avant de passer à la séance 3 (à noter dans mon carnet de bord)
- Je relis cette leçon au calme
- Je pratique 3 fois une méditation par la respiration (2 fois en écoutant l'enregistrement et 1 fois sans). Je décris ce que m’ont apporté(e) ces expériences.
Encore une fois, je réalise les exercices du mieux que je peux, et je ne peste pas quand je me rends compte que je décroche beaucoup. C'est justement le fait de me rendre compte que mon esprit est doué pour m'embarquer, qui est utile.
Deux petites précisions
Ceci est un apprentissage.
Les exercices permettent d'apprendre. Les enregistrements reprennent toujours les mêmes ingrédients. Il n'est pas difficile techniquement de viser la pleine conscience. Mais c'est un apprentissage long, astreignant et parfois ennuyeux et douloureux. Au départ, je vais d'abord prendre conscience de cette tempête d'idées que je n'arrive pas à faire taire !
Alors au début, je vise la pleine conscience en méditant accompagné par l'enregistrement. J'utilise des stratagèmes pour canaliser ma concentration.
J’ai appris à viser la pleine conscience en respirant. Dans les leçons à venir, je vais apprendre à méditer en ressentant ce qui se passe dans mon corps, en écoutant les sons, en marchant ou en mangeant. Quand je comprends un peu le principe de chaque méditation, je me lance et je médite sans écouter l’enregistrement. Ce sera un peu plus difficile peut-être, mais aussi plus efficace sûrement.
Progressivement, je dois le plus possible veiller à viser la pleine conscience dans ma vie quotidienne, en dehors des moments de méditation. La pleine conscience doit infuser dans le fonctionnement de mon esprit. Je peux par exemple profiter d’être dans les bouchons, au feu rouge ou dans une salle d'attente pour me centrer sur ma respiration. Au lieu de « perdre mon temps », j’investis dans mon bien-être. Dès qu’un beau paysage s’offre à moi, je prends un peu de temps pour être dans la contemplation. Je tente de retrouver, jour après jour, mon regard d’enfant, la faculté de m’émerveiller de toutes les petites choses de la vie. Je m’observe, je prends conscience de la façon dont je vis le quotidien et les grands moments.
De la pratique... et du temps.
Les personnes qui souffrent veulent rapidement être soulagées. C’est compréhensible. Voici un échange entre une personne en souffrance et un thérapeute qui enseigne la pleine conscience :
Patient : « Je veux vite être soulagé, je n'en peux plus ! »
Thérapeute : « Si vous me dites que vous voulez que je vous aide pour courir le marathon demain, vous pensez que je vais vous répondre quoi ? »
Patient : « Que ce n’est pas possible, que je dois m’entraîner régulièrement et augmenter ma quantité d’entraînement pour développer mes muscles et mon cœur… »
Thérapeute : « Eh bien, si vous voulez que votre cerveau produise du « zen », c’est la même chose !!! Le cerveau est comme un muscle, il se modifie suivant ce qu’on lui demande de faire. Si vous voulez que votre cerveau fonctionne autrement, il faut l’entraîner régulièrement et sur une certaine période... »
« Il est prouvé que la pratique régulière de la méditation modifie le cerveau et soulage la souffrance. C’est garanti, mais il faut le faire… et c’est parfois ennuyeux… contraignant… douloureux même parfois, comme quand nous avons des courbatures à la reprise d’un sport »
« Personne ne peut le faire pour vous, c’est à vous de jouer si vous voulez changer. C’est pour cela qu’il existe des exercices durant les séances et entre les séances. La réussite du programme repose surtout sur une pratique régulière (au moins un exercice tous les deux jours). Comprendre le principe de pleine conscience ne sert à rien. L’efficacité réside dans la pratique, car il s’agit d’un entraînement mental. Vouloir changer le fonctionnement de son cerveau sans pratiquer, c’est comme un sportif qui voudrait progresser en restant avachi sur son canapé !!!
Les études montrent qu’il est nécessaire de pratiquer au moins 2h30 par semaine durant 8 à 10 semaines pour commencer à ressentir un bénéfice.