Il faut reconnaitre que la schématisation est un peu plus complexe dans la réalité que celle abordée dans les 3 premières séances. En effet, chez les êtres humains, la prise en compte de l’environnement n’est pas un phénomène purement réflexe.
Une situation sera perçue comme stressante pour une personne et pas pour une autre (flèche orange).
Aussi, l’anxiété étant l’anticipation d’un problème futur, le psychisme est à la base de ce stresseur en le fabriquant lui-même (flèche rouge).
Il est donc nécessaire d’ajouter ces flèches qui vont dans l’autre sens sur le schéma (en orange et en rouge).
C’est comme si mon mental se projetait sur l’environnement pour l’appréhender. Si j’ai certaines croyances par exemple, je ne vais relever que les faits qui les confirment. Il est très difficile de pouvoir changer de point de vue sans être conscient de ce phénomène. C’est donc en grande partie mon esprit, en interprétant la situation et en anticipant les problèmes, qui est responsable de ma souffrance.
Apaiser la composante psychique : prendre de la distance avec mes pensées
Comment fonctionne mon esprit ?
Nos pensées sont faites pour comprendre le monde qui nous entoure et nous y adapter. Nous interprétons les faits. Nous les jugeons. Nous anticipons l’avenir. C'est bien utile pour savoir quoi faire et comment réagir. Malheureusement, nos pensées sont aussi la cause de nos souffrances. Notre cerveau fabrique sa réalité, souvent très éloignée du réel. La réalité des uns n’est pas celle des autres.
Le fond du problème est de considérer comme « vraies » nos pensées et de ne pas savoir prendre de distance avec elles. Ce phénomène s’accentue lorsque nous subissons trop de stress ou d’anxiété. Nous avons la tête dans le guidon. Nous ruminons, nous cogitons, ça nous prend la tête…
Je regarde d’un peu plus près le fonctionnement de mon esprit en m’aidant du schéma n°2 ci-dessous. Je peux me rendre compte qu’il y a plusieurs lieux dans mon esprit. Il y a une « toile de fond » et un lieu pour observer ce qui s’y passe. En effet, si je peux me dire : « En ce moment je pense à… », c’est que j’ai la capacité à prendre de la distance, à observer ce qui s’y passe. Je vais appeler « tour de contrôle de mon esprit », l’endroit d’où je peux observer ce qui se passe dans mon esprit, et « scène de mon esprit », la toile de fond où peuvent apparaître les pensées de toutes sortes. Listons les différentes « choses » qui peuvent apparaître dans mon esprit :
- Des souvenirs,
- Des anticipations de problèmes
- Des idées sur ce que je vis en ce moment
- Mes perceptions sensorielles : ce que je vois, j’entends, je ressens dans mon corps en bougeant, respirant, mangeant…
De cette « tour de contrôle », je ne peux appréhender qu’une pensée à la fois. C’est comme si ma tour de contrôle était équipée d’un projecteur qui dirige mon attention. Le projecteur éclaire les pensées sur la scène de son faisceau en jaune. Suivant ce que le projecteur éclaire, la pensée devient visible et émerge à ma conscience.
Si j’observe bien, je remarque que je ne choisis pas vraiment où se dirige mon attention. Le projecteur de ma tour de contrôle est donc en « pilotage automatique ». Il s’oriente vers ce qui est le plus attirant, à la recherche de ce qui peut me donner du plaisir ou éviter le désagréable. Dans le schéma n°2, le projecteur éclaire une pensée à propos d’une difficulté à venir sous la forme d’une bulle de bande dessinée. Celle bulle devient donc visible (jaune) de ma tour de contrôle.
C’est le rôle de mon esprit, de mon mental : créer des pensées et attirer mon attention sur elles. En effet, pour survivre, il ne faut pas passer à côté des bonnes opportunités et savoir éviter les dangers. Ma conscience se fixe donc naturellement sur les stresseurs et les problèmes à venir (car il faut anticiper et éviter ces dangers). Automatiquement, le projecteur se focalise sur eux. Même sur une grande scène, je ne vois que ces idées « stars » puisqu’elles attirent toujours davantage la lumière du projecteur.
S’il existe un danger grave et imminent, alors la focalisation de ma conscience est bénéfique. Mais dans les cas où je rumine à propos d’une chose qui est déjà arrivée ou qui a peu de chance de se produire, c’est dommage de me laisser envahir, de me laisser « me prendre la tête » pour rien.